4 septembre 2009

Océan mer d'Alessandro Baricco






Océan mer, c'est le roman de la mer,

à la fois apaisante et inquiétante,
douce et agitée,
rassurante et tourmentée...
et bien plus encore...







Extrait 1:

" La mer.
La mer ensorcelle, la mer tue, émeut, terrifie, fait rire aussi, parfois, disparaît, par moments, se déguise en lac ou alors bâtit des tempêtes, dévore des bateaux, elle offre des richesses, elle ne donne pas de réponses, elle est sage, elle est douce, elle est puissante, elle est imprévisible. Mais surtout: la mer Appelle.
Tu le découvriras, Elisewin. Elle ne fait que ça, au fond: Appeller.
Jamais elle ne s'arrête, elle pénètre en toi, elle te reste collée après, c'est toi qu'elle veut. Tu peux faire comme si de rien n'était, c'est inutile. Elle continuera de t'appeller. Cette mer que tu vois, et toutes les autres que tu ne verras pas mais qui seront là, toujours, aux aguets, patientes, à deux pas de ta vie. Tu les entendras appeler, infatigablement. Voilà ce qui arrive dans ce purgatoire de sable. Et qui arriverait dans n'importe quel paradis, et dans n'importe quel enfer. Sans rien expliquer, sans te dire où, il y aura toujours une mer qui sera là, et qui t'appellera."


Extrait 2:

- Quelquefois je me demande ce que nous sommes en train d'attendre.
Silence.
- Qu'il soit trop tard, madame.


Extrait 3:

" Sur le rebord de la fenêtre de Bartleboom, ils étaient deux, cette fois, à être assis. Le petit garçon habituel. Et Bartleboom. Les jambes pendant, au-dessus du vide. Le regard pendant, au-dessus de la mer.
- Ecoute, Dood...
Dood, c'était son nom, au petit garçon.
- Toi qui es toujours ici...
- Mmmmh.
- Tu dois le savoir, toi.
- Quoi ?
- Où ils sont, les yeux de la mer ?
- ...
- Parce qu'elle en a, hein ?
- Oui.
- Et où diable est-ce qu'ils sont, alors ?
- Les bateaux.
- Comment ça les bateaux ?
- Les bateaux sont les yeux de la mer.
Il en reste pétrifié, Bartleboom. Ca, vraiment, il n'y avait jamais pensé.
- Mais des bateaux, il y en a des centaines...
- Et elle, elle a des centaines d'yeux. Vous ne voudriez quand même pas qu'elle doive se débrouiller avec deux.
Effectivement. Avec tout ce qu'elle a à faire. Et grande comme elle est. Il y a un certain bon sens, là-dedans.
- Oui mais alors, excuse-moi...
- Mmmmh.
- Et les naufrages ? Les tempêtes, les tymphons, toutes ces choses... Pourquoi avalerait-elle tous ces bateaux, si c'étaient ses yeux ?
Il a l'air presque impatienté, Dood, quand il se tourne vers Bartleboom et dit
- Et vous...vous ne les fermez jamais, vos yeux ?
Fichtre. Il a réponse à tout, cet enfant.
Il réfléchit, Bartleboom. Il réfléchit et rumine et cogite et raisonne. Puis d'un bond, il saute de la fenêtre. Côté chambre, s'entend. Il faudrait avoir des ailes pour sauter de l'autre côté.
- Plasson... Je dois trouver Plasson... il faut que je lui dise...bigre, ça n'était pas si difficile, il suffisait de réfléchir un peu...Haletant, il cherche son chapeau de laine. Ne le trouve pas. Evidemment il est sur sa tête. Il renonce. Quitte la chambre en courant.
- A plus tard, Dood.
- A plus tard.
Il reste là, le petit garçon, les yeux fixés sur la mer. Il y reste un petit bout de temps. Puis il regarde bien autour de lui pour voir s'il n'y a personne et, d'un bond, saute de la fenêtre. Côté plage, s'entend. "



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